Base Jump

Base jump

Le corps gisait au milieu de la chaussée. Comme un pantin désarticulé. Sanglé dans une combinaison fluo. Le parachute ouvert ressemblait à un linceul, balloté par le vent.
Un ruban jaune retenait la masse des curieux qui se pressaient au pied de l’immense building. Au milieu de l’agitation de la police scientifique, l’inspecteur Draig et son adjoint, Philip.
-Du base jump ? s’exclama Draig.
-Oui, fit Philip. Vous ne connaissez pas ? C’est le dernier sport extrême à la mode. Des parachutistes qui sautent du haut d’un immeuble, et qui ouvrent leur parachute au dernier moment. Poussée d’adrénaline assurée.
-Ca s’est sûr. Mais c’est légal ?
-Pas dans notre cas, en tout cas. Il s’agit d’une bande d’extrémistes, qui se lancent des défis sur internet. Ils se sont introduits illégalement dans l’immeuble, de nuit. Un groupe de cinq parachutistes est monté jusqu’au sommet du building. Un autre groupe attendait au pied de l’immeuble, avec des caméras pour tout filmer.
-Et comment s’appelle le mort ? demanda Draig.
-Glen Howard. Un dieu vivant pour tous les accros de ce sport. La pire des têtes brûlées. Il a réalisé les exploits les plus déments. C’était une idole pour certains. D’autres bien sûr le jalousaient pour cette notoriété.
-Et bien visiblement il en en a fini pour les exploits, constata Draig en fixant le cadavre.
Son adjoint hocha la tête.
-Comme je vous l’ai dit, ils étaient à cinq à être monté au sommet de l’immeuble. Il faisait nuit noire. Howard s’est approché de la bordure, il s’est agenouillé pour contempler le vide quelques secondes, puis il a sauté sans hésiter. En bas, le groupe qui filmait a vite comprit vite compris que quelque chose clochait. Le parachute était déployé, mais Howard tombait beaucoup trop vite. Comme s’il ne manoeuvrait pas son parachute. Il s’est écrasé au milieu de la chaussée…
-OK, fit Draig. Il a probablement fait un malaise en sautant, et a perdu connaissance.
L’adjoint Philip secoua négativement la tête.
-Ce serait trop simple, chef. Le légiste vient de passer. Vous voulez entendre sa première conclusion ? Mort par balle !
-Par balle ?
-Oui. Une balle de pistolet dans la tempe gauche. Et tirée à bout portant en plus.
-Vous voulez dire qu’il s’est suicidé ? En plein vol ?
-Même pas. Il n’y a aucune trace de poudre sur ses doigts. Et pour l’instant, le périmètre a été passé au peigne fin. Aucune  arme retrouvée, ni sur le cadavre, ni dans les environs.
-Mais alors qui a tiré sur le mort ?
-A vous de nous le dire, inspecteur Draig.

Conclusion au prochain épisode…et vous ? Avez-vous la solution ?

Euh... L'assassin aurait peut-être tiré depuis une des fenêtres de l'immeuble située au dernier étage, juste en dessous du toit au moment même où la victime se penchait pour contempler le vide...

carterdickson a écrit:Euh... L'assassin aurait peut-être tiré depuis une des fenêtres de l'immeuble située au dernier étage, juste en dessous du toit au moment même où la victime se penchait pour contempler le vide...

Pas bête, mais alors comment aurait-il pu ouvrir le parachute ? Il s'est déployé automatiquement ?

Effectivement, déclenchement de secours automatique réglé par un altimètre ...

Pas clair sur le déploiement du parachute. Imaginons que l'ouverture soit commandée avant le saut et que ce soit un cadavre qui est jeté du haut de la tour, le parachute s'extrairait bien du sac après que la descente aurait débuté ?

Ou alors c'est le légiste qui a fait le coup.

Bien intrigant, en tout cas.

Cordialement,
Lionel.

Questions idiotes :
-comment l'adjoint de l'inspecteur peut-il avoir connaissance de ce luxe de détails ?
-si un groupe était au pied de l'immeuble en train de filmer, donc...

L’inspecteur Draig livre sa solution

Les meurtriers étaient au  nombre de deux. Deux amateurs de Jump Base qui jalousaient le succès de Howard et voulaient le tuer (et oui, l’univers du Jump Base est impitoyable !!).
Les meurtriers ont largement profité des circonstances du meurtre : pendant la nuit. Lors d’une expédition illégale dans un immeuble.
Pendant que les cinq parachutistes progressaient dans l’obscurité de l’immeuble pour monter sur le toit, ils ont assommé Howard. L’un des deux meurtriers, muni de la même combinaison que Howard, s’est fait passer pour lui, là aussi en profitant de l’obscurité.
Son complice pendant ce temps a traîné le corps de Howard dans un des bureaux du dernier étage, situé juste sous le toit. Là tout était déjà prêt : une des vitres avait été descellée (les fenêtres généralement ne s’ouvrent pas dans ce genre d’immense building). Une corde d’escalade avait été fixée à un poteau de la pièce. L’autre bout de la corde, munie d’un mousqueton, avait préalablement été posé sur la margelle du toit.
Quand le faux Howard arrive sur le toit, il se dépêche d’aller jusqu’à la margelle. Il s’agenouille en faisant semblant de contempler le vide. En fait, il accroche le mousqueton à un harnais caché sous sa combinaison. Quand il saute, il ne tombe pas très bas, la corde l’arrête rapidement, il se dépêche de se hisser pour se glisser dans le bureau par l’ouverture de la vitre descellée.
Dans le bureau, son complice avait déjà tué Howard d’une balle dans la tête et actionné le parachute pour qu’il soit déployé. Pendant que le faux Howard se hisse dans le bureau, lui se dépêche de balancer le corps du vrai Howard dans le vide. Le groupe en bas, en raison de l’obscurité et de la hauteur du building, ne s’aperçoit pas du subterfuge.

Merci à tous les participants ( qui avaient quasiment trouvé la solution !!) et à bientôt pour de nouvelles énigmes.