Micmac à Ploumanac'h - Bernard Enjolras

Les éditions Bargain se sont fait une spécialité de polars bretons — et elles sont loin d'être les seules à publier ainsi des romans policiers régionaux, dont certains peuvent intéresser les amateurs caméraclosistes. Bernard Enjolras n'est pas un inconnu sur le forum, car son Ilot mortel à Trégastel a déjà attiré l'attention de quelques forumistes, mais les chambres y étaient closes de l'extérieur. Un autre roman, Mauvais sorts dans le Trégor, présente une quatrième de couverture alléchante avec une mort inexpliquée dans une chambre (vraiment) close, écho d'un meurtre semblable des siècles auparavant, séances spirites et voix spectrales en sus. Mais le modus operandi (également employé plus récemment par Paul Halter) n'en fait pas un crime impossible.

Ce qui n'est pas le cas de cette nouvelle enquête du duo Bernie Andrews (le détective habituel) et Jean-Jacques Bordier (son "brillant second"). C'est à Ploumanac'h, petite cité balnéaire à deux pas de Perros-Guirec, que réside en ermite le vieux Sezni Kerlouan, amateur de romans policiers de l'Age d'Or, avec qui Bordier se lit d'amitié. Kerlouan le convie à une petite séance particulière : devant témoins son neveu Max s'enferme dans une pièce en haut d'une tour dont l'escalier, toujours sous surveillance, est l'unique accès. On devine sans mal la suite : quand tout le monde, quelques minutes plus tard, investit la pièce, le neveu a complètement disparu (à part une chaussure restée sur les lieux, à côté du canapé, seul mobilier de la pièce) ! Kerlouan ne révèle pas le truc, et ne le révèlera plus jamais quelque temps plus tard : dans la même pièce, dûment fermée de l'intérieur, on retrouvera les cadavres de Sezni et de Max. Meurtre suivi de suicide, conclut la gendarmerie. Mais Bordier n'y croit pas, se lance dans de dangereuses investigations avant que Bernie Andrews, en bon arm-chair destective, ne revienne d'un séjour à l'étranger pour remettre de l'ordre dans tout ce micmac.

Les romans de Bernard Enjolras se veulent des hommages aux romans de l'Age d'Or. Cet opus est d'ailleurs dédié à John Dickson Carr et Pierre Boileau. Classiques jusqu'à la caricature, ils se débattent parmi les écueils qui jalonnent l'entreprise de situer un policier classique au XXIème siècle. Le moyen, ici : l'enquête officielle a été bouclée et le problème d'intégrer des détectives amateurs à une procédure judiciaire s'en trouve résolu. Les chambres closes sont par ailleurs honnêtes, quoique pas vraiment originales, mais curieusement si la première rend hommage directement aux Maîtres, la seconde (car il s'agit bien d'un double meurtre, ouf) s'inspire, elle,... d'une série américaine !

Bref, un roman sympathique, suranné sans doute (mais l'auteur assume), pas révolutionnaire, mais cela fait toujours plaisir de trouver des petits livres propres à réjouir les amateurs du genre.

Merci pour cette bonne découverte.

Concernant de la disparition du neveu (Max) le truc se base selon l'auteur sur un roman de Pierre Boileau et un autre de Carr. Je pense avoir trouvé celui de Boileau (la Pierre qui tremble) mais pas celui de Carr.
De même je ne sais pas à quelle série télévisée il se réfère pour le meurtre.
Avez- vous des idées?

On pense évidemment à la Pierre qui tremble de Boileau pour la disparition de Max, bien que la solution en soit complètement différente, si mes souvenirs sont bons. La référence à Carr m'échappe, mais il peut ne s'agir que d'un détail annexe emprunté (comme l'eau qui coule dans le lavabo). Quant au double meurtre, il me semble avoir lu quelque part que l'assassin avait emprunté sa méthode (d'ailleurs ultra-ultra-classique) à un épisode des Experts. Du coup, ça m'a donné l'envie, les annexes des 1001CC pour guide, de télécharger les épisodes les plus intéressants de cette série.

Bonjour,

Marrant : en lisant le premier message, étant en vacances à Perros-Guirec (accolée à Ploumanac'h), j'ai cru que le forum me présentait une publicité contextuelle ! re-marrant : en 3 semaines bretonnes, je n'ai pas pu trouver ce livre au milieu de présentoirs entiers de polars bretons. On ne trouve de M. Enjolras que ses deux derniers. Il m'a fallu revenir sur Lyon pour le commander ! Je l'aurai ces jours-ci.

Je ne m'étais jamais penché sur les romans 'terroir' du fait d'un a priori sur les titres à consonance touristique. Une erreur donc.
Vous êtes tombé dessus par hasard ou en avez-vous lu beaucoup ?

Cordialement,
Lionel

J'ai découvert ce livre... il y a un an, en vacances à Perros-Guirec ! Dans une maison de la presse du centre-ville, un rayon était consacré aux polars bretons. Sans en espérer grand-chose, j'y farfouille et déniche deux romans de Bernard Enjolras, dont ce roman, à la dédicace engageante. Par hasard, donc ! Et ce furent de très belles vacances dans une région magnifique !