Les invitations dangereuses ( film américain de 1973 )

Ce whodunit, dont le titre original est The last of Sheila, est un petit bijou, un récit de mystère avec une ambiance estivale doté d'une réalisation très soignée. Coécrit par Anthony Perkins et Stephen Sondheim ( auteur de la comédie musicale Sweeney Todd ), le film réunit un casting remarquable, avec entre autres James Mason, James Coburn, Ian McShane ( le futur Lovejoy de la série ) ou encore Raquel Welch. A noter qu'il a été en partie tourné aux studios de la Victorine, à Nice.

Au début de l'intrigue, l'épouse d'un riche producteur de cinéma nommé Clinton Green est tuée par un chauffard qui a ensuite pris la fuite, lors d'une soirée où étaient réunis une brochette d'acteurs et de réalisateurs de films. Clinton a acquis la certitude que l'un deux est le coupable. Quelques années plus tard, il convie ces personnes à passer une semaine de vacances sur son luxueux yacht, en vue de longer les côtes françaises de la Méditerranée. Doté d'une forte personnalité, caustique et irascible, Clinton est en outre féru de jeux de société. Il propose à ses hôtes de se livrer à un jeu de pistes: il distribue à chacun une enveloppe contenant la description d'un secret plus ou moins inavouable que détient chaque invité ( vol à l'étalage, penchants homosexuels, alcoolisme... ) mais ces messages sont attribués à des personnes autres que celles concernées. A chaque escale du yacht, les joueurs devront trouver des indices à terre pour déterminer qui est le détenteur de chaque secret, indices placés auparavant par Clinton.





A la seconde escale, un monastère ancien situé sur une île, le producteur, grimé en femme, est retrouvé mort dans une salle, écrasé par le chapiteau en pierre d'une colonne qui s'est déscellé. On pense à un accident, mais certains éléments retrouvés sur les lieux convainquent les invités qu'il s'agit d'un assassinat maquillé. En vue de démasquer le meurtrier, les différents messages des enveloppes sont dévoilés. L'un d'eux accuse un des hôtes d'être un chauffard homicide. Chacun va donc être amené à avouer son secret pour ne pas être suspecté de ce grave écart de conduite...

Herbert Ross, le réalisateur, n'a pas la réputation d'être un spécialiste de l'énigme policière, mais cette incursion dans le genre est un succès. L'intrigue réserve quelques rebondissements très bien amenés. De plus, tous les éléments sont donnés pour pouvoir résoudre le mystère, qui comporte en outre une part non négligeable de misdirection. Les déductions finales m'ont paru très convaincantes, l'assassin particulièrement astucieux et manoeuvrier. Il y a de plus quelques scènes de suspense mémorables. Bref, le film est une réussite et soutient aisément la comparaison avec les meilleures adaptations d'Agatha Christie. Un classique étrangement méconnu, en somme.

Vous pouvez télécharger ce film sur cet excellent site qui présente bien des raretés, en américain avec des sous-titres français:
http://lesineditsvhs.blogspot.com/2011/06/venir_08.html

Que ferions-nous sans toi !

M'étant empressé de télécharger ce film, j'ai passé un très agréable moment en le visionnant .

Grégory signale :
"De plus, tous les éléments sont donnés pour pouvoir résoudre le mystère, qui comporte en outre une part non négligeable de misdirection."

Effectivement, des gestes anodins que tout le monde voit mais ne retient l'importance à ce moment, permettent de démasquer le meurtrier de Clinton.

Bon film à tous.

Bienvenue sur le forum, MAHJONG.

On peut aussi remarquer que le titre original du film, compris au sens littéral, donne un indice aux spectateurs ( je ne l'ai personnellement
compris que rétrospectivement ).
D'autre part, l'élément de misdirection le plus trompeur m'a paru être le suivant:

Spoiler:

J'ai enfin trouve le temps de regarder ce film. J'ai beaucoup apprecie l'idee du jeu mis en scene par l'hote. Tres divertissant. Neanmoins j'ai trouve qu'un peu trop d'indices etaient mis a la disposition des telespectateurs. J'aurais au moins supprime un ou deux (les plus gros) afin de mieux preserver le suspense. Ceci dit, mon avis est peut-etre biaise : a cause de la mise en garde de Mahjong, j'ai scrute chaque scene a la recherche de petits details . Cela reste en tous cas un tres bon film et j'en recommande le visionnage a tous. Merci beaucoup de me l'avoir fait decouvrir.

Petit ajout a propos d'une scene qui m'a quand meme parue assez surrealiste dans le film (ne pas lire a moins d'avoir vu le film) :

Spoiler:

Content que le film vous plaise! Vous pouvez aussi remercier le blogueur qui a posté les liens de la VOSTFR.
C'est vrai qu'il y a pas mal d'indices mais comme il y a aussi de la misdirection, ça a tendance à compenser.
Initialement, le scénario était celui d'une murder party organisée dans la propriété d'Anthony Perkins, qui fut ensuite modifié pour être adapté sur grand écran (où le film, sorti en plein été, a été un échec commercial). Je suppose que pour permettre aux participants de résoudre le mystère dans le temps imparti, un certain nombre de pistes devaient être suggérées.

Tout à fait d'accord avec la dernière remarque en spoiler, ça m'avait également frappé.

Spoiler:

Je suis preneur d'autres films de cette qualite en tous cas !

Pour en revenir aux indices qui sont a mon avis trop gros :

Spoiler:

Ceci-dit, je suis quand meme passe a cote d'une pelletee d'autres indices. J'ai ete etonne de constater qu'il y en avait autant a la fin de l'episode.

Mister Y a écrit:Petit ajout a propos d'une scene qui m'a quand meme parue assez surrealiste dans le film (ne pas lire a moins d'avoir vu le film) :

Spoiler:

Oui c'est assez surprenant mais l'homosexualité était très mal perçue à cette époque aux USA et d'ailleurs passible de peine de prison, c'est vrai que le "child molester" est finalement présenté de manière très sympathique ce qui peut surprendre...mais est il vraiment pédophile? Ne pourrait on pas penser qu'il a frappé un enfant sur un tournage plutôt (ou quelque chose du genre)?

En tout cas un film très sympa, sans doute un peu long et mou durant sa première partie mais fort enlevé dans la seconde

Il est evident que les moeurs ont change mais le changement d'opinion est quand meme radical et ce en moins de 40 ans ! Je ne suis pas tout a fait d'accord avec votre interpretation : "child molester" a en anglais un sens tres specifique et fait bel et bien reference a la pedophilie (enfin tout ce qui tourne autour des attouchements). Si les auteurs avaient voulu indiquer que la personne en question battait les enfants, ils l'auraient qualifiee de "child beater" (de la meme facon qu'on dit "wife beater"). De toutes facons, un tel comportement est egalement puni par la loi de nos jours...

Oui, je suppose qu'il s'agissait d'un courant marginal qui considérait la pédophilie comme une orientation sexuelle comme une autre, une théorie post 68 je dirais.

Pour l'homosexualité elle était considéré à l'époque (et jusqu'il y a peu) comme une maladie mentale et elle ne sera dépénalisée aux USA qu'en 2003!!!! Durant une bonne partie du XXème siècle elle était "soignée" aux USA par...électrochoc!