Une message de Roland Lacourbe aux membres du Forum
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Une message de Roland Lacourbe aux membres du Forum
Voici un message adressé spécialement aux membres du Forum, dans lequel le grand Roland Lacourbe nous parle de ses projets, mais également fait un point sur l'actualité de l'univers du meurtre en chambre close. C'est à la fois passionnant et touchant. Je suis certain que vous allez être intéressés par cette analyse:
"D’abord, je voudrais vous dire que je ne suis pas enfermé à jamais dans les chambres closes. Si je suis devenu, sans y prendre garde, en trente ans, un “spécialiste” de la question, je m’intéresse à beaucoup d’autres choses et je passe parfois de longues périodes à ne rien lire sur le sujet, tant je suis accaparé par d’autres activités. Il en est ainsi de la période actuelle. Pour le moment, depuis un an au moins, et pour quelques mois encore, outre diverses autres recherches, je consacre l’essentiel de mes lectures à la découverte des auteurs encore méconnus de la collection L’Empreinte. En effet, mes trois amis et complices belges Vincent Bourgeois, Philippe Fooz, Michel Soupart, et moi-même avons décidé de faire le recensement de cette vénérable collection dans le style inauguré par Jacques Baudou et Jean-Jacques Schléret qui avaient, au siècle dernier, établi l’inventaire des collections du Masque et Détective-Club (LE VRAI VISAGE DU MASQUE et LES MÉTAMORPHOSES DE LA CHOUETTE). LA MARQUE DE L’EMPREINTE comprendra des informations biographiques sur tous les auteurs publiés, ainsi que le compte-rendu et la critique de TOUS les romans parus dans la collection et la reproduction de TOUTES les couvertures (remise à neuf par les soins de mon épouse Danièle Grivel). Et, croyez-moi, cela prend du temps, d’autant plus que j’assure la mise en page du volume qui, tout comme nos deux tomes sur 1001 CHAMBRES CLOSES, dépassera les 500 pages, en grand format sur deux colonnes.
Mais venons-en au thème qui nous est cher.
Il se trouve que Robert Adey, mes trois amis Vincent, Philippe et Michel, ainsi que John Pugmire — devenu traducteur de Paul Halter aux États-Unis —, sommes en quelque sorte à l’origine d’une sorte de communauté mondiale de la chambre close (Grande-Bretagne, États-Unis, France, Belgique, Suède, Allemagne, Italie) qui étend ses ramifications jusqu’au Japon et en… Chine ! Savez-vous, par exemple, qu’une partie de notre ANNEXES des 1001 CHAMBRES CLOSES a été traduite en chinois, sous la forme d’un joli petit ouvrage de 216 pages avec huit pages de hors texte en couleurs ?
Nous avons donc des correspondants à peu près partout dans le monde et nous nous tenons au courant de tout ce qui paraît concernant notre thème de prédilection. Et je ne pense pas faire preuve d’un orgueil démesuré en prétendant que si les auteurs actuels semblent de plus en plus s’intéresser à cette catégorie de littérature, nous y sommes un peu pour quelque chose. Attention : je parle bien des auteurs qui se tiennent au courant de l’actualité et que poussent la conscience professionnelle jusqu’à tenter de relever les défis que leur lancent les modes littéraires.
Alors, oui, c’est vrai, le crime impossible connaît un regain d’intérêt, une nouvelle heure de gloire. Et sur le plan mondial. Il est vrai que des pays comme le Japon ont leurs séries télévisées régulières sur la question. Mais, le Japon est un cas à part dans le domaine du roman policier classique où tous les auteurs de l’âge d’or sont sans cesse réédités alors que John Dickson Carr, pour ne prendre que ce seul exemple, n’a pas connu une seule réédition de ses œuvres depuis vingt ans aussi bien aux États-Unis qu’en Angleterre ! Ne parlons pas de la France où le Masque a laissé tomber les auteurs qui ont contribué à sa gloire (le cas flagrant de Paul Halter !). Pensez que le Japon a publié l’intégralité des nouvelles du Dr Hawthorne d’Edward Hoch alors que Douglas Greene, aux États-Unis, l’éditeur de Crippen & Landru, , n’en a pour l’instant publié que cinquante-sept (en quatre volumes) sur les soixante-douze existantes…
Maintenant, en ce qui concerne les œuvres modernes, qu’y a-t-il de nouveau sous le soleil ? Comme toujours, les grandes réussites se font de plus en plus rares. Pour ma
part, J’ai beaucoup apprécié REQUIEM À HUIS CLOS de Kishida Ruriko qui m’a paru apporter quelque chose de neuf, bien que les solutions qu’il propose n’innovent en rien. Pour moi, la dernière grande découverte dans le genre, bien qu’elle appartienne à la science-fiction, reste JACK GLASS d’Adam Roberts qui date déjà de 2012.
Si vous feuilletez les sommaires des anthologies que j’ai publiées depuis trente ans, vous vous rendrez compte que j’ai toujours privilégié les textes anciens pour offrir à l’amateur un large panorama d’œuvres mémorables en ce domaine, des œuvres qui ont fait leur preuve et sont autant de jalons historiques, et dont la plupart n’avaient encore jamais été traduites. Et, sur ce plan, je ne crois pas qu’il manque désormais en langue française de textes essentiels. Je ne prends qu’un seul exemple : Martin Edwards vient de publier une nouvelle anthologie sur le sujet, MIRACULOUS MYSTERIES, dont la moitié, huit nouvelles sur seize, sont encore inédites en français. Entre autres, une d’Austin Freeman, une de Sax Rohmer, une de Sapper, et une de Margery Allingham. Eh bien, je dois dire qu’aucune de ces nouvelles que je ne connaissais pas encore n’a trouvé grâce à mes yeux. J’ai le sentiment que les anthologistes en sont désormais réduits à publier des fonds de tiroirs…
Par ailleurs, il faut dire que la découverte d’un auteur nouveau, talentueux et prometteur, est chose rare. J’ai eu le privilège de faire connaître l’un d’eux, le regretté Patrick Pommier, dans le premier tome de LA GRANDE ANTHOLOGIE DES CHAMBRES CLOSES ET DU CRIME IMPOSSIBLE.
Quant à l’impact du crime impossible sur le plan audiovisuel, je pense qu’il ne faut pas se faire d’illusion. Si une série — d’une qualité rare ! — comme Jonathan Creek a connu une popularité phénoménale au Royaume-Uni — DAEMON’S ROOST, le plus récent épisode (le 32ème, je crois), diffusé en décembre 2016, marque l’essoufflement de son auteur David Renwick, par ailleurs sacrément talentueux ! —, cela ne concerne en rien la France où, malheureusement, seuls les quatre premières saisons ont été diffusées, et encore marginalement ! Nous n’avons pas idée de la profusion de programmes de qualité britanniques dans le domaine des séries policières. Pensez que l’une des plus belles — je pourrais presque dire LA plus belle — séries policières que je connaisse n’a jamais bénéficié de la moindre diffusion en France : je veux parler de FOYLE’S WAR, une série de huit saisons créée et entièrement écrite par Anthony Horowitz avec Michael Kitchen dans le rôle titre et qui comprend vingt-huit films de 90 minutes… Du premier au dernier épisode, un authentique chef-d’œuvre !
Dans le domaine cinématographique, le film espagnol L’ACCUSÉ (Contratiempo) m’a paru intéressant pour sa construction audacieuse et son scénario sacrément tordu ! Mais, une fois encore, il fait partie d’exemples isolés et rares. Pour moi, les dernières grandes surprises dans le domaine remontent déjà à 2011 (LE CASSE DE CENTRAL PARK), 2009 (THE CODE), 2007 (LA FAILLE) et 2006 (LE CASSE DU SIÈCLE).
Pour conclure, je dirais que les chercheurs, les créateurs, les auteurs sont conscients de ce phénomène de mode et s’y intéressent. Mais aucunement le grand public qui ne se soucie guère des recherches et innovations dans ce domaine. Quant aux éditeurs, n’en parlons pas : depuis plus de dix ans, ce sont les financiers qui ont pris le pouvoir et la règle désormais en vigueur de l’enrichissement maximum avec un minimum d’effort fait que vous n’en trouverez aucun parmi les plus importants pour sacrifier au genre. Seuls quelques petits éditeurs de province se lancent encore dans ce genre d’opérations. Avec la perspective d’un bénéfice hypothétique et aléatoire. C’est pourquoi je suis reconnaissant aux éditions Manannan de m’avoir accueilli, le temps de publier trois volumes successifs sur le sujet (si le troisième volume voit le jour…). Ce sera sans doute pour moi le Chant du Cygne. De son côté, mon ami new-yorkais John Pugmire accomplit un énorme travail de traduction et de vulgarisation. Chez nous, il n’y a plus grand-chose à espérer quand la France délaisse un auteur majeur comme Paul Halter et néglige de rééditer Noël Vindry. Le paradoxe, c’est que John les traduit tous les deux et fait paraître aux États-Unis LA MAISON QUI TUE et LA BÊTE HURLANTE, deux œuvres majeures de Vindry que je ne suis jamais parvenu à faire rééditer moi-même en France : une honte pour les éditeurs français. Vous n’allez pas me dire que ce sont les droits à payer qui les font reculer ! Et John ne se contente pas de ça : il traduit aussi Henri Cauvain, Jean-Paul Török, Ulf Durling et des auteurs japonais contemporains, et réédite l’intégrale de l’œuvre combien estimable de Derek Smith. Et son dernier coup de maître — je ne vous apprends rien —, est un panorama mondial du thème qui nous est cher, THE REALM OF THE IMPOSSIBLE.
Quant à la publication d’un troisième volume des 1001 CHAMBRES CLOSES, pour l’instant, personnellement, je n’en vois pas la nécessité : je ne crois pas que nous ayons fait d’oubli essentiel dans l’historique du genre. Et, bien que mes amis et moi-même accumulions les notes et les références, je ne crois pas non plus que nous ayons matière suffisante pour sortir un nouveau volume. Il faudrait pour cela faire quelques découvertes majeures ou changer complètement la forme de notre présentation. Pour ma part, je n’y suis pas favorable. Mais deux de mes amis belges (Vincent Bourgeois et Philippe Fooz) sont plus jeunes que moi, et aussi plus enthousiastes. Peut-être prendront-ils le relais dans les années qui viennent ? Pour ma part, je n’ai plus le feu sacré… Avec l’âge, tout s’estompe."
"D’abord, je voudrais vous dire que je ne suis pas enfermé à jamais dans les chambres closes. Si je suis devenu, sans y prendre garde, en trente ans, un “spécialiste” de la question, je m’intéresse à beaucoup d’autres choses et je passe parfois de longues périodes à ne rien lire sur le sujet, tant je suis accaparé par d’autres activités. Il en est ainsi de la période actuelle. Pour le moment, depuis un an au moins, et pour quelques mois encore, outre diverses autres recherches, je consacre l’essentiel de mes lectures à la découverte des auteurs encore méconnus de la collection L’Empreinte. En effet, mes trois amis et complices belges Vincent Bourgeois, Philippe Fooz, Michel Soupart, et moi-même avons décidé de faire le recensement de cette vénérable collection dans le style inauguré par Jacques Baudou et Jean-Jacques Schléret qui avaient, au siècle dernier, établi l’inventaire des collections du Masque et Détective-Club (LE VRAI VISAGE DU MASQUE et LES MÉTAMORPHOSES DE LA CHOUETTE). LA MARQUE DE L’EMPREINTE comprendra des informations biographiques sur tous les auteurs publiés, ainsi que le compte-rendu et la critique de TOUS les romans parus dans la collection et la reproduction de TOUTES les couvertures (remise à neuf par les soins de mon épouse Danièle Grivel). Et, croyez-moi, cela prend du temps, d’autant plus que j’assure la mise en page du volume qui, tout comme nos deux tomes sur 1001 CHAMBRES CLOSES, dépassera les 500 pages, en grand format sur deux colonnes.
Mais venons-en au thème qui nous est cher.
Il se trouve que Robert Adey, mes trois amis Vincent, Philippe et Michel, ainsi que John Pugmire — devenu traducteur de Paul Halter aux États-Unis —, sommes en quelque sorte à l’origine d’une sorte de communauté mondiale de la chambre close (Grande-Bretagne, États-Unis, France, Belgique, Suède, Allemagne, Italie) qui étend ses ramifications jusqu’au Japon et en… Chine ! Savez-vous, par exemple, qu’une partie de notre ANNEXES des 1001 CHAMBRES CLOSES a été traduite en chinois, sous la forme d’un joli petit ouvrage de 216 pages avec huit pages de hors texte en couleurs ?
Nous avons donc des correspondants à peu près partout dans le monde et nous nous tenons au courant de tout ce qui paraît concernant notre thème de prédilection. Et je ne pense pas faire preuve d’un orgueil démesuré en prétendant que si les auteurs actuels semblent de plus en plus s’intéresser à cette catégorie de littérature, nous y sommes un peu pour quelque chose. Attention : je parle bien des auteurs qui se tiennent au courant de l’actualité et que poussent la conscience professionnelle jusqu’à tenter de relever les défis que leur lancent les modes littéraires.
Alors, oui, c’est vrai, le crime impossible connaît un regain d’intérêt, une nouvelle heure de gloire. Et sur le plan mondial. Il est vrai que des pays comme le Japon ont leurs séries télévisées régulières sur la question. Mais, le Japon est un cas à part dans le domaine du roman policier classique où tous les auteurs de l’âge d’or sont sans cesse réédités alors que John Dickson Carr, pour ne prendre que ce seul exemple, n’a pas connu une seule réédition de ses œuvres depuis vingt ans aussi bien aux États-Unis qu’en Angleterre ! Ne parlons pas de la France où le Masque a laissé tomber les auteurs qui ont contribué à sa gloire (le cas flagrant de Paul Halter !). Pensez que le Japon a publié l’intégralité des nouvelles du Dr Hawthorne d’Edward Hoch alors que Douglas Greene, aux États-Unis, l’éditeur de Crippen & Landru, , n’en a pour l’instant publié que cinquante-sept (en quatre volumes) sur les soixante-douze existantes…
Maintenant, en ce qui concerne les œuvres modernes, qu’y a-t-il de nouveau sous le soleil ? Comme toujours, les grandes réussites se font de plus en plus rares. Pour ma
part, J’ai beaucoup apprécié REQUIEM À HUIS CLOS de Kishida Ruriko qui m’a paru apporter quelque chose de neuf, bien que les solutions qu’il propose n’innovent en rien. Pour moi, la dernière grande découverte dans le genre, bien qu’elle appartienne à la science-fiction, reste JACK GLASS d’Adam Roberts qui date déjà de 2012.
Si vous feuilletez les sommaires des anthologies que j’ai publiées depuis trente ans, vous vous rendrez compte que j’ai toujours privilégié les textes anciens pour offrir à l’amateur un large panorama d’œuvres mémorables en ce domaine, des œuvres qui ont fait leur preuve et sont autant de jalons historiques, et dont la plupart n’avaient encore jamais été traduites. Et, sur ce plan, je ne crois pas qu’il manque désormais en langue française de textes essentiels. Je ne prends qu’un seul exemple : Martin Edwards vient de publier une nouvelle anthologie sur le sujet, MIRACULOUS MYSTERIES, dont la moitié, huit nouvelles sur seize, sont encore inédites en français. Entre autres, une d’Austin Freeman, une de Sax Rohmer, une de Sapper, et une de Margery Allingham. Eh bien, je dois dire qu’aucune de ces nouvelles que je ne connaissais pas encore n’a trouvé grâce à mes yeux. J’ai le sentiment que les anthologistes en sont désormais réduits à publier des fonds de tiroirs…
Par ailleurs, il faut dire que la découverte d’un auteur nouveau, talentueux et prometteur, est chose rare. J’ai eu le privilège de faire connaître l’un d’eux, le regretté Patrick Pommier, dans le premier tome de LA GRANDE ANTHOLOGIE DES CHAMBRES CLOSES ET DU CRIME IMPOSSIBLE.
Quant à l’impact du crime impossible sur le plan audiovisuel, je pense qu’il ne faut pas se faire d’illusion. Si une série — d’une qualité rare ! — comme Jonathan Creek a connu une popularité phénoménale au Royaume-Uni — DAEMON’S ROOST, le plus récent épisode (le 32ème, je crois), diffusé en décembre 2016, marque l’essoufflement de son auteur David Renwick, par ailleurs sacrément talentueux ! —, cela ne concerne en rien la France où, malheureusement, seuls les quatre premières saisons ont été diffusées, et encore marginalement ! Nous n’avons pas idée de la profusion de programmes de qualité britanniques dans le domaine des séries policières. Pensez que l’une des plus belles — je pourrais presque dire LA plus belle — séries policières que je connaisse n’a jamais bénéficié de la moindre diffusion en France : je veux parler de FOYLE’S WAR, une série de huit saisons créée et entièrement écrite par Anthony Horowitz avec Michael Kitchen dans le rôle titre et qui comprend vingt-huit films de 90 minutes… Du premier au dernier épisode, un authentique chef-d’œuvre !
Dans le domaine cinématographique, le film espagnol L’ACCUSÉ (Contratiempo) m’a paru intéressant pour sa construction audacieuse et son scénario sacrément tordu ! Mais, une fois encore, il fait partie d’exemples isolés et rares. Pour moi, les dernières grandes surprises dans le domaine remontent déjà à 2011 (LE CASSE DE CENTRAL PARK), 2009 (THE CODE), 2007 (LA FAILLE) et 2006 (LE CASSE DU SIÈCLE).
Pour conclure, je dirais que les chercheurs, les créateurs, les auteurs sont conscients de ce phénomène de mode et s’y intéressent. Mais aucunement le grand public qui ne se soucie guère des recherches et innovations dans ce domaine. Quant aux éditeurs, n’en parlons pas : depuis plus de dix ans, ce sont les financiers qui ont pris le pouvoir et la règle désormais en vigueur de l’enrichissement maximum avec un minimum d’effort fait que vous n’en trouverez aucun parmi les plus importants pour sacrifier au genre. Seuls quelques petits éditeurs de province se lancent encore dans ce genre d’opérations. Avec la perspective d’un bénéfice hypothétique et aléatoire. C’est pourquoi je suis reconnaissant aux éditions Manannan de m’avoir accueilli, le temps de publier trois volumes successifs sur le sujet (si le troisième volume voit le jour…). Ce sera sans doute pour moi le Chant du Cygne. De son côté, mon ami new-yorkais John Pugmire accomplit un énorme travail de traduction et de vulgarisation. Chez nous, il n’y a plus grand-chose à espérer quand la France délaisse un auteur majeur comme Paul Halter et néglige de rééditer Noël Vindry. Le paradoxe, c’est que John les traduit tous les deux et fait paraître aux États-Unis LA MAISON QUI TUE et LA BÊTE HURLANTE, deux œuvres majeures de Vindry que je ne suis jamais parvenu à faire rééditer moi-même en France : une honte pour les éditeurs français. Vous n’allez pas me dire que ce sont les droits à payer qui les font reculer ! Et John ne se contente pas de ça : il traduit aussi Henri Cauvain, Jean-Paul Török, Ulf Durling et des auteurs japonais contemporains, et réédite l’intégrale de l’œuvre combien estimable de Derek Smith. Et son dernier coup de maître — je ne vous apprends rien —, est un panorama mondial du thème qui nous est cher, THE REALM OF THE IMPOSSIBLE.
Quant à la publication d’un troisième volume des 1001 CHAMBRES CLOSES, pour l’instant, personnellement, je n’en vois pas la nécessité : je ne crois pas que nous ayons fait d’oubli essentiel dans l’historique du genre. Et, bien que mes amis et moi-même accumulions les notes et les références, je ne crois pas non plus que nous ayons matière suffisante pour sortir un nouveau volume. Il faudrait pour cela faire quelques découvertes majeures ou changer complètement la forme de notre présentation. Pour ma part, je n’y suis pas favorable. Mais deux de mes amis belges (Vincent Bourgeois et Philippe Fooz) sont plus jeunes que moi, et aussi plus enthousiastes. Peut-être prendront-ils le relais dans les années qui viennent ? Pour ma part, je n’ai plus le feu sacré… Avec l’âge, tout s’estompe."
RipperReed- Messages : 245
Date d'inscription : 31/01/2013
mélon baudouin aime ce message
Re: Une message de Roland Lacourbe aux membres du Forum
Merci à Roland Lacourbe pour toutes ses anthologies qui garnissent avantageusement nos bibliothèques. Je pense qu' il a raison lorsqu' il s' en prend aux éditeurs qui privilégient l' argent, les auteurs rentables aux oeuvres plus discrètes. Mais pas que ... Pour moi, je pense que c' est avant tout le lectorat français qui est responsable ; que voulez-vous, les lecteurs de littérature d' imagination sont de moins en moins nombreux et ne s' intéressent plus qu' à quelques types de roman, comme par exemple les romans 'types Da Vinci Code' avec des complots à travers les siècles. Il n' y a quasiment plus de littérature populaire, alors que dans les années 60 , 70, il y avait un foisonnement incroyable. Les genres suivants étaient trouvables :
- science-fiction
- fantastique
- policier
- noir
- espionnage
- guerre
- western
- érotique
- sentimental
- para science ( collection rouge chez j' ai lu)
- horreur, épouvante
et d' autres encore.
Toutes ces séries, collections, avaient du succès. Mais petit à petit, les Français, sans doute devenus beaucoup plus intelligents , ont désertés ces oeuvres populaires.
C' est triste, mais c' est comme ça !
- science-fiction
- fantastique
- policier
- noir
- espionnage
- guerre
- western
- érotique
- sentimental
- para science ( collection rouge chez j' ai lu)
- horreur, épouvante
et d' autres encore.
Toutes ces séries, collections, avaient du succès. Mais petit à petit, les Français, sans doute devenus beaucoup plus intelligents , ont désertés ces oeuvres populaires.
C' est triste, mais c' est comme ça !
Franck- Messages : 95
Date d'inscription : 25/07/2008
Age : 56
Localisation : Troyes
Re: Une message de Roland Lacourbe aux membres du Forum
Franck a écrit:Merci à Roland Lacourbe pour toutes ses anthologies qui garnissent avantageusement nos bibliothèques. Je pense qu' il a raison lorsqu' il s' en prend aux éditeurs qui privilégient l' argent, les auteurs rentables aux oeuvres plus discrètes. Mais pas que ... Pour moi, je pense que c' est avant tout le lectorat français qui est responsable ; que voulez-vous, les lecteurs de littérature d' imagination sont de moins en moins nombreux et ne s' intéressent plus qu' à quelques types de roman, comme par exemple les romans 'types Da Vinci Code' avec des complots à travers les siècles. Il n' y a quasiment plus de littérature populaire, alors que dans les années 60 , 70, il y avait un foisonnement incroyable. Les genres suivants étaient trouvables :
- science-fiction
- fantastique
- policier
- noir
- espionnage
- guerre
- western
- érotique
- sentimental
- para science ( collection rouge chez j' ai lu)
- horreur, épouvante
et d' autres encore.
Toutes ces séries, collections, avaient du succès. Mais petit à petit, les Français, sans doute devenus beaucoup plus intelligents , ont désertés ces oeuvres populaires.
C' est triste, mais c' est comme ça !
Le polar en France a cessé de relever de la littérature populaire il y a une trentaine d'années, du plein gré des auteurs, critiques et éditeurs qui voulaient devenir "respectables". Adieu donc les collections de poche et vive le grand format qui fait mieux sur les rayonnages. Ajoutons à cela cette spécificité française qui est le culte du roman noir et on a un climat peu propice aux chambres closes et au roman policier "imaginatif" en général. Je pense ceci dit que le phénomène est moins attribuable au lecteur (qui se contente de ce qu'on lui donne) qu'à l'intelligentsia du polar et aux éditeurs qui font l'impasse sur des pans entiers de la production internationale au profit de ce que EUX considèrent comme "le polar, le vrai". Cela aboutit à des situations aberrantes comme la non-traduction d'oeuvres cultes ou historiquement importantes alors que la moindre déjection de James Ellroy est traduite sur l'heure, ou à attribuer des prix de littérature policière à des auteurs (Donald Roy Pollock, Ron Rash) qui ne relèvent pas du genre. La seule solution serait la création d'une maison d'édition ou collection spécialisée, mais serait-elle viable? That is the question.
Re: Une message de Roland Lacourbe aux membres du Forum
"du plein gré des auteurs, critiques et éditeurs qui voulaient devenir "respectables", oui, je suis d' accord, mais peut être aussi les lecteurs lisaient moins ce genre de littérature ;Tout ce que je sais, c' est que la S.F de France a plus ou moins disparu et est devenu nettement moins bonne ; car au Fleuve Noir, il y avait quand même du bon, et même du très bon (Bruss, Clauzel, Randa, Guieu, ...)Pareil dans les autres genres où l' on peut trouver de véritables pépites. Ces anciennes collections sont une véritable mine d' or. Même la SF anglo saxonne est de plus en plus mauvaise, stéréotypée (voir par exemple la trilogie SILO, hyper décevante malgré une bonne idée).
Concernant les "chambres closes", à partir de quand cela s' est il dégradé ? Car Halter devait vendre bien au début, sinon, il n' aurait jamais tant publié ? Pourquoi une telle désaffection du public ?
Concernant les "chambres closes", à partir de quand cela s' est il dégradé ? Car Halter devait vendre bien au début, sinon, il n' aurait jamais tant publié ? Pourquoi une telle désaffection du public ?
Franck- Messages : 95
Date d'inscription : 25/07/2008
Age : 56
Localisation : Troyes
Re: Une message de Roland Lacourbe aux membres du Forum
Franck a écrit:
Concernant les "chambres closes", à partir de quand cela s' est il dégradé ? Car Halter devait vendre bien au début, sinon, il n' aurait jamais tant publié ? Pourquoi une telle désaffection du public ?
Halter a surtout souffert du changement de direction au Masque et de leur nouvelle orientation éditoriale. Quand vous avez une éditrice dont le modèle est Rivages/Noir* et qui purge le catalogue de tout ce qui ressemble à du classique, ce n'est qu'une question de temps avant que votre tour ne vienne, bonnes ventes ou pas.
* Que je considère à titre personnel comme le Tchernobyl de l'édition policière française, malgré quelques bons titres (souvent imposés à Guérif par feu Chabrol)
Re: Une message de Roland Lacourbe aux membres du Forum
Guérif a quand même édité J.Commings, H.D Hoch ou H.Talbot, en Rivages/mystère, il est vrai....
En Rivages/noir, on trouve d'excellents bouquins, D.Westlake, J.Harvey, J.Van de Wetering, P.Siniac.
Le but d'une grande maison d'édition comme Le Masque est avant tout (hélas) d'être rentable, alors pourquoi ne plus publier P.Halter, qui s'est bien vendu, tout comme J.D Carr, ce qui prouve bien qu'il y a un lectorat pour ce type de bouquins.
En Rivages/noir, on trouve d'excellents bouquins, D.Westlake, J.Harvey, J.Van de Wetering, P.Siniac.
Le but d'une grande maison d'édition comme Le Masque est avant tout (hélas) d'être rentable, alors pourquoi ne plus publier P.Halter, qui s'est bien vendu, tout comme J.D Carr, ce qui prouve bien qu'il y a un lectorat pour ce type de bouquins.
jaouen- Messages : 14
Date d'inscription : 07/03/2011
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