Le polar n'a plus mauvais genre

Cet article a plus d'un an, mais ces deux passages m'interpellent:

La disparition des collections de poche populaires a également fait évoluer l'image du roman policier et du lectorat. Des années 1950 aux années 1980, on achète un "petit polar" pour le voyage, faisant confiance à une collection et non à un auteur. C'est le temps du "roman de gare" vendu au mètre. "Ce genre de collection populaire, c'est fini, explique François Guérif, directeur des éditions Rivages. Le lecteur de base a remplacé le "petit polar" par la télévision. Il regarde les séries policières. Aujourd'hui, le lecteur de policiers est devenu un spécialiste qui choisit un auteur et le suit."

Le roman policier a pris la place que tenait le roman du XIXe siècle, quand Balzac ou Zola embarquaient le lecteur dans des aventures épiques mais lui parlaient aussi de société contemporaine, de la bourgeoisie aux classes populaires. "Le polar est une évolution de ce roman, dans un monde de plus en plus noir. Il colle à la vie, à une époque, à sa violence", souligne l'éditeur et romancier Patrick Raynal. Et Francis Geffard, éditeur chez Albin Michel, de renchérir : "Le polar est une grille de lecture qui convient à l'époque dans laquelle on vit."

Si l'on considère que le roman policier est, au départ, une littérature populaire et de divertissement, son changement de statut et de lectorat est-il vraiment une bonne nouvelle? Il me semble que la "légitimation" du genre s'est faite aux dépens de sa spontanéité et de son originalité - en France surtout.

Je vois bien qu'avec ce topic, tu abordes le même questionnement que dans ton article qui date de quelques années: http://mayhemparva.blogspot.com/2007/11/sauver-le-polar.html
Pour moi, le polar reste essentiellement un divertissement cérébral. Quant au changement de statut, tout dépend du milieu que l'on côtoie.
Il est toujours mal vu par certains de dire que l'on apprécie les romans policiers (que ce soit le noir, le thriller ou l'énigme).
Il est évident que si le souci principal de la plupart des auteurs était simplement de raconter une bonne histoire, une fiction imaginative et bien ficelée (ce qui n'empêche nullement de développer le cas échéant une réflexion sociétale ou psychologique), le rayon polar des librairies serait bien plus enthousiasmant qu'il ne l'est. Le problème vient aussi d'une partie du lectorat qui prend trop au sérieux la fiction policière, voulant s'en servir principalement pour véhiculer des messages à propos de notre société, ce qui n'est pas la fonction première de ces écrits.

Gregory a écrit:Il est toujours mal vu par certains de dire que l'on apprécie les romans policiers (que ce soit le noir, le thriller ou l'énigme).

Ah bon?

Oui, je l'ai constaté quelquefois, mais n'y accorde aucune importance (comme le mépris pour la SF, qui me semble encore plus aberrant).