Le Diable de Dartmoor

Eh bien, après beaucoup d’hésitation, j’ai décidé de lire un autre roman de M. Halter, et finalement, j’ai choisi Le Diable de Dartmoor, qui se trouve dans le deuxième intégrale de ses livres. La présentation est écrite par Philippe Fooz, et j’ai lu l‘introduction au début de la collection et avant « Le Diable de Dartmoor ». C’est bien écrit. (Encore ! Le Masque a trouvé des bons préfaciers ! Savez-vous qui a écrit la présentation pour Tome 1 ?)

Au même temps, je pense que la conclusion n’est pas trop juste : en comparant Halter avec John Dickson Carr, M. Fooz dit que Carr a écrit plus dans une période similaire, mais « il convient de souligner la faiblesse de construction de La Main de marbre (1932), des Meurtres de Bowstring (1933), des certaines aventures de Bencolin, son premier héros récurrent, et de remarquer que Mort dans l’ascenseur a été écrit par John Rhode. Je dirai donc que les deux hommes sont à égalité ».

Alors, j’ai quelques objections à cette conclusion :

(a) Pourquoi souligner seulement quelques livres plus faibles de Carr ? Halter aussi a des œuvres mineurs ou problématiques, comme Le Roi du désordre et La Tête du tigre. Les livres ne sont pas mauvais, mais problématiques— même chose pour Carr. Alors, je pense que si on inclut les livres Haltériens plus faibles, Carr remportera la victoire.

(b) Mort dans l’ascenseur n’était pas écrit par John Rhode— c’était une collaboration avec Carr et Rhode. Douglas Greene, dans la biographie de Carr, analyse le livre et conclut que la vaste majorité était écrite dans le style de Carr, sauf quelques pages des explications techniques qui étaient sans doute écrites par Rhode. Mais Carr a écrit la grande majorité du livre— c’est un peu étonnant que, des deux auteurs, Rhode a reçu le « top billing ».

Malgré mes objections, j’ai beaucoup apprécié l’introduction, qui parle beaucoup des thèmes qu’on voit dans l’œuvre de Paul Halter. Je suis vraiment intéressé dans « Le Diable de Dartmoor » maintenant ! J’y parlerai plus quand j’ai lu plus.

Patrick

Mince, je ne m'etais jamais rendu compte que c'etait Philippe Fooz qui avait ecrit la preface du 2eme tome ! En ce qui concerne le 1er, c'est Roland Lacourbe (encore lui !) qui en a ecrit la preface.

Pour en revenir au debat Carr-Halter, l'oeuvre de Paul Halter est essentiellement centree sur les crimes impossibles et les meurtres en chambre close alors que J. D. Carr s'interesse a mon sens plus a la "misdirection". Certes les deux domaines se recoupent beaucoup, mais je n'ai jamais vraiment ete entierement convaincu par la comparaison. En particulier, il y a dans les livres de Carr une bonne dose d'humour que je regrette de ne pas trouver dans les livres de Paul Halter. Mes romans favoris chez Carr sont d'ailleurs ceux qui m'ont le plus amuse et diverti : Les neufs mauvaises reponses, Arsenic et boutons de manchette, Le barbier aveugle, ...

J’ai aussi vu une BD du livre—y’a-t-il des autres dans la série?

Patrick

D'apres le site de l'auteur, c'est cense etre la seule, mais cette ancienne conversation semble dire qu'il en existe une adaptation de La malediction de Barberousse. Impossible de trouver une confirmation sur le Web donc j'ignore si elle existe reellement...

Merci pour le lien ! L’art de la BD semble vraiment beau— peut-être j’achèterai une copie un jour.

J’ai fini le livre, et c’est excellent ! Maintenant, c’est mon œuvre favori de Halter. L’atmosphère anglaise est excellente. J’ai commenté que les personnages de Halter souvent semblent français, et anglais en nom seulement… mais dans ce cas, je pouvais croire que les personnages étaient vraiment anglais.

Si j’ai bien compris, Halter a écrit Le Diable de Dartmoor après un « pèlerinage » à l’Angleterre. Je pense que l’influence de la visite peut se trouver partout. Le milieu est formidable, et forme partie d’une atmosphère extrêmement sinistre. Aussi, les descriptions du paysage sont belles, et ceci forme un paradoxe : quelque chose sinistre et diabolique se cache dans un endroit beau et majestueux... L’effet était magnifique.

Quant aux crimes impossibles, ils sont sublimes. Comme lecteur, j’ai commencé à douter que les crimes auront des explications rationnelles, comme dans les meilleurs œuvres de John Dickson Carr. Je ne pouvais pas arrêter ma lecture— je me suis levé à 6 h du matin pour commencer à lire… (pendant les vacances !) Les explications sont absolument merveilleux— à mon avis, c’est un des trucs « impossibles » les plus formidables de tous les temps.

Comme d’habitude, l’intrigue est fascinante, et Halter fait tout bien avec son atmosphère, ses personnages, et son humour. J’aime aussi tous les légendes locales qu’il a inclus— ils ont aidés avec l’atmosphère, qui fait beaucoup de différence dans un livre de ce type.

Moi, je considère Le Diable de Dartmoor un chef-d’œuvre, et un des meilleurs livres que j’ai lu en 2011. Bravo, M. Halter !

Patrick

Bonjour à tous les habitués du forum.
Je prends tardivement connaissance de ce débat, compte tenu de problèmes récurrents survenus à ma connexion Internet.
Je me permets de revenir sur ma prise de position exposée dans cette introduction au Tome 2 de Paul Halter.
Avant tout, il faut bien avoir présent à l’esprit que la « comparaison » envisagée porte sur la production littéraire des deux écrivains durant leurs treize premières années.
Ceci étant posé, voyons les œuvres produites (abstraction faite des nouvelles ) durant ce laps de temps :

CARR

Le marié perd la tête
Le secret du gibet
La mort sous un crâne *
Le retour de Bencolin *
Les meurtres de Bowstring *
La main de marbre *
Le gouffre aux sorcières
Le chapelier fou *
Le huit d’épées *
Le Barbier aveugle *
L’arme à gauche *
Trois cercueils se refermeront
Le meurtre des mille et une nuits *
A réveiller les morts
Le naufragé du Titanic
Les yeux en bandoulière *
Meurtre après la pluie
Un fantôme peut en cacher un autre
Suicide à l’écossaise
Le juge Ireton est accusé *
La maison de la peste
La mort dans le miroir
La maison du bourreau
Les meurtres de la licorne
Arsenic et boutons de manchettes *
La police est invitée
La flèche peinte
Le lecteur est prévenu
Eh bien, tuez maintenant ! *
Impossible n’est pas anglais *
L’homme en or
Je préfère mourir
La chambre ardente
Mort dans l’ascenseur
Un coup sur la tabatière *


HALTER

La malédiction de Barberousse
La quatrième porte
Le brouillard rouge
La mort vous invite
La mort derrière les rideaux
La chambre du fou
La septième hypothèse
La tête de tigre
La lettre qui tue *
Le diable de Dartmoor
Le roi du désordre
A 139 pas de la mort
L’image trouble
Le cercle invisible
L’arbre aux doigts tordus
Le crime de Dédale
Les sept merveilles du crime
Le géant de pierre
Le cri de la sirène
Meurtre au manoir Tudor

Je l’ai souligné, la production de Carr est impressionnante ! (35-et non 26 comme je l’ai écrit, autant pour moi- titres contre 20 !).

Dans ma conclusion, je développe l’argument suivant : « Paul Halter nous a livré vingt romans, tous d’excellente facture, présentant des crimes impossibles ou renouvelant, avec bonheur les vieux thèmes de l’énigme classique… ».
Il convient donc de comparer ce qui est comparable, à savoir les romans qui traitent de situations ressortant du domaine des CCCI…

J’observe donc que, du listing Carr, les titres cochés avec * ne présentent pas cette caractéristique…ce qui nous ramène à 20 titres pour 19 au bénéfice de Halter (omission de « la lettre qui tue »).

En me plaçant sur le seul plan de l’énigme impossible, je ne veux surtout pas dire que la qualité des romans de Carr n’atteint pas à celle de Halter ! Loin de là !
Je redis ici toute mon admiration et respect que je porte à l’œuvre de Carr et des ouvrages comme « Le barbier aveugle, le chapelier fou, l’arme à gauche, le meurtre des mille et une nuits, le juge Ireton est accusé, les yeux en bandoulière, impossible n’est pas anglais » restent
des modèles de construction policière ! Ces titres sont les fleurons de ma bibliothèque !
Je constate que, simplement, dans mon texte de présentation, j’ai péché par ellipse en omettant de souligner que ma comparaison portait sur cette seule caractéristique…nul n’est parfait…
Avec le recul, je pense que ma comparaison aurait dû mettre uniquement l’accent sur le renouvellement et, disons le, un panache certain, à présenter des solutions émoustillantes au vieux problème du crime impossible !
Ma conclusion à retirer de cette mise au point est que comparer la production d’auteurs est véritablement subjective, voire dangereuse…Comment en effet, mettre en balance le talent respectif d’écrivains, chers à notre cœur, sans que l’un ou l’autre n’en retire quelque frustration ?
C’est ma foi, un exercice extrêmement périlleux et j’espère, si vous me lisez, que vous ne m’en voudrez pas de m’être aventuré dans ce domaine de spéculations bien hasardeux…

Je ne veux pas prolonger davantage le débat mais l’honnêteté m’oblige également à préciser que la comparaison aurait dû également porter sur d’autres thèmes tels que le style, la psychologie des personnages, la création d’ambiances, eetc…et là, je dois reconnaître que la comparaison basculerait au net avantage de Carr.

Un dernier mot encore : c’est toujours un réel plaisir de se rendre sur le site Paul Halter pour suivre vos échanges passionnés et partager avec vous des impressions de lectures sur des romans qui nous ont enchantés.

Comme le faisait justement remarquer Roland Lacourbe, nous (amateurs de l’énigme classique) sommes des « dinosaures en voie d’extinction »…Continuons encore longtemps comme cela !

En toute amitié.

Philippe FOOZ..

philippe FOOZ a écrit:

Comme le faisait justement remarquer Roland Lacourbe, nous (amateurs de l’énigme classique) sommes des « dinosaures en voie d’extinction »

On devrait plutôt dire des énigmosaures ( une bestiole qui a existé au Crétacé, d'ailleurs, voir sur ce site: http://dinoshiryu.servhome.org/enigmosaure.html ).
Plus sérieusement, je pense qu'il y a sans doute encore beaucoup d'amateurs d'énigme de par le monde ( par exemple, récemment, les ventes de certains mangas ou les taux d'audience de Jonathan Creek semblent l'attester ).

Je vois que mon interprétation de vos mots n’était pas la meilleure, alors je vous remercie pour vos clarifications ! Quand même, je vous félicite pour une présentation excellente et intriguante sur l’œuvre de Paul Halter.

Je suis d’accord avec l’observation de M. Lacourbe, mais j’espère qu’on verra un « Age d’argent » un de ces jours ! (Des auteurs comme Peter Lovesey et Louise Penny me font penser que c’est une véritable possibilité.)

Patrick

Le Diable de Dartmoor que je viens de terminer est un excellent PH. J' hésite à utiliser parler de "chef d' oeuvre", car ce terme, je l' ai déjà beaucoup utiliser pour d' autres romans de Paul Halter, et il ne faut pas abuser des bonnes choses.
Ce n'est au sens strict un meurtre en chambre close : la victime, assise sur le rebord de la fenêtre tombe mystérieusement, comme si elle avait été poussée dans le vide, sous l' oeil de deux témoins présent dans la pièce et de sa fiancée présente dans le jardin, qui bien évidemment, n 'ont vu personne s' approcher du futur décédé.
Une seule petite inconhérence, encore que, j 'aurai placé la victime au deuxième étage, pour être certain qu 'elle se tue. Mais bon, elle s'est tuée, la victime, en tombant du premier, ça peut arriver.
Le "truc" est bien surprenant, et je dirai même original,mais trouvable si on est perspicace (ce que je n'ai pas été, mais à vrai dire, je ne cherche pas beaucoup, car j 'ai peur (!) de trouver accidentellement la solution, ce qui me gâcherai la fin de la lecture ... mais c'est une autre discussion), car PH a respecté les sacro-saintes règles du policier, en distillant les indices permettant de trouver la solution.
Comme toujours ou presque, il y a eu d'autres meurtres un peu semblables quelques années auparavant, et un autre cinquante ans avant, et comme toujours ou presque, on a droit à de vieilles légendes campagnardes. Tout cela enrichit le récit, le rend captivant.
Donc, sans hésiter, à lire.

Encore un mot à propos de ce « Diable », que Patrcik O nous avait déjà signalé, et qui m’a amené à une réflexion que le lecteur de MECC se fait souvent, surtout en lisant Carr ou Halter. Plus on progresse dans le récit, plus les mystères s’accumulent, au point qu’à la fin on se demande vraiment comment l’auteur va s’en sortir. On trasnpire presque pour lui ! Je classerai cette impression en deux catégories. La première étant l’amalgame de faits hétéroclites. La question étant de savoir comment l’auteur va réussir à unifier l’ensemble. La seconde, une impossibilité, souvent un crime en chambre close, un mystère qui se répète ou s’accentue au point qu’une explication rationnelle ne semble même plus envisageable. Le diable de Dartmoor fait partie de cette dernière catégorie. Cela fait longtemps que je l’ai lu, mais je me souviens très bien de m’être posé cette question comme jamais. Ici, le problème était l’invisibilité de l’assassin, prouvée par tous les témoins. Frank nous dit : « Le "truc" est bien surprenant, et je dirai même original, mais trouvable si on est perspicace ». Trouvable ? En théorie, oui, bien sûr. Mais moi, là, j’ai franchement sombré. Sans doute pour mon plus grand plaisir. La révélation du truc fut une surprise totale, proportionnelle à sa simplicité. Au total, ce n’est sans doute pas le Halter le plus étonnant dans sa structure – il s’agit d’une énigme très classique – mais l’ensemble est très cohérent, et le truc du mystère vaut à lui seul le détour.

Comme je suis (toujours) l'avis des listiers, je me suis mise en quête de trouver cette perle; comme toujours avec un PH, il faut être patient; rien sur priceminister et 49,99€ sur amazon.
Conclusion :en cote occase un PH vaut bien plus qu'un mary higgins clark;

hélène a écrit:Comme je suis (toujours) l'avis des listiers, je me suis mise en quête de trouver cette perle; comme toujours avec un PH, il faut être patient; rien sur priceminister et 49,99€ sur amazon.
Conclusion :en cote occase un PH vaut bien plus qu'un mary higgins clark;

Ce qui me paraît fort légitime.

Effectivement, et si je puis me permettre:

HALTER, un auteur de POIDS !

Ouaaah!

J’ai acheté l’adaptation BD sur PriceMinister, et il est arrivé aujourd’hui. L’art est splendide—je pensais que les couleurs seront exclusivement noir-et-blanc, alors imaginez mon surprise quand j’ai vu l’art était plein de couleur ! J’admire l’art beaucoup, surtout sur la page 44, le quatrième image (celui en bas, dans le coin gauche) : cette image est lancinant !

J’ai aussi acheté les deux premiers intégrales du masque des œuvres de S. A. Steeman, ainsi que « Souvenez-vous de Monte Cristo » de René Reouven. Le premier volume de Steeman est arrivé aujourd’hui— les deux autres livres devront arriver demain ou lundi.

Patrick

On peut acheter ce fameux DIABLE DE DARTMOOR d'Amazon.com dans une nouvelle édition.

http://www.amazon.com/Diable-Dartmoor-French-Paul-Halter/dp/1467966150

Patrick

Décidément, il y a de nombreux Halter qui ressortent (je crois que "La 4e Porte" bénéficie du même sort, chez le même éditeur).

Je viens de le finir. Très bon cru. La (les) solution(s) sont simples, très simples, mais l'enrobage est excellent. Je me suis laissée prendre par le coup de théâtre final.
Patrick avait raison : on ne peut le lâcher.
Très astucieux et en même temps très logique.
C'est le 3ème PH que je lis (après spiral et le voyageur du passé) et je ne m'en lasse pas.

Sur mon blog «DEATH CAN READ" il ya quelques jours, je publie une analyse sur Le diable de Dartmoor:

http://deathcanread.blogspot.it/2014/10/paul-halter-demon-of-dartmoor-1993.html

Je dois dire que cette analyse est très heureux de Paul (avaient-ils annoncé et il m'a dit en privé) grand écrivain, mais comme tout grand, mais humble et modeste. Toujours en ce qui est très similaire à la grande John Dickson Carr.

P. D. P.