Le Monastère hanté - R. Van Gulik (Juge Ti)

Une bien alléchante et mystérieuse énigme se pose au Juge Ti, obligé par une violente tempête de passer une nuit dans un monastère isolé en montagne. A peine entré dans sa chambre, il voit le volet s'ouvrir quelques secondes sous l'effet du vent, et par la fenêtre en face de lui, il voit un mystérieux personnage portant un casque argenté violenter une jeune femme aux avant-bras mutilés. Une rafale reclaque le volet, le juge le rouvre : le mur d'en face est plongé dans l'obscurité. Et pour cause : il n'y a pas de fenêtre dans le mur d'en face. Ou plutôt : il n'y a plus de fenêtre, celle-ci ayant été murée depuis longtemps, comme il s'en assurera rapidement en visitant la resserre qui fait face à sa chambre, vide à part un grand placard et une armure sans ce fameux casque, qui n'est plus en usage depuis au moins un siècle. D'ailleurs, à cette époque, des soldats avaient justement envahi le monastère et commis des exactions. Alors, le Juge Ti aurait-il été témoin d'un meurtre ancien ?

Une ambiance fantastique et macabre, prenante et surprenante, très différente des autres aventures, plus "urbaines" du détective chinois : toute l'action se concentre en une nuit de cauchemar, dans un huis-clos inquiétant, sur lequel viennent se greffer une vieille affaire de mort suspecte et des scènes particulièrement sadiques dans une "galerie des horreurs", équivalent de certains musées de cire modernes...

On n'est pas loin de certains Paul Halter ou Dickson Carr dans l'énoncé de l'énigme, même si la résolution est peut-être moins élégante et originale. Mais l'ambiance est là.