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Le Manoir Diettmann: chapitre 7

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Le Manoir Diettmann: chapitre 7 Empty Le Manoir Diettmann: chapitre 7

Message  RipperReed Dim 4 Déc 2016 - 5:23

Une nouvelle disparition mystérieuse dans ce chapitre. Les amateurs peuvent trouver la solution, tous les indices nécessaires sont donnés. Merci de ne la dévoiler que sous la forme de spoiler


Dernière édition par RipperReed le Dim 4 Déc 2016 - 6:13, édité 1 fois

RipperReed

Messages : 239
Date d'inscription : 31/01/2013

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Le Manoir Diettmann: chapitre 7 Empty Re: Le Manoir Diettmann: chapitre 7

Message  RipperReed Dim 4 Déc 2016 - 5:23

7-Rencontre frappante


02h48
Les chiffres rouges du réveil numérique lui brûlèrent les pupilles.
Pourquoi s’était-il réveillé?
La conscience de Paul Régis émergea avec une lenteur exaspérante des limbes d’un sommeil profond.
Progressivement, il nota des détails incongrus sur son propre corps, comme aurait pu le faire un clinicien au chevet d’un patient.
Sa respiration était étrangement lourde et bruyante. On aurait dit un soufflet de forge s’activant dans sa poitrine.
Ses muscles surtout, n’avaient pas le relâchement que confère le sommeil. Chaque fibre de ses membres semblait plus tendue qu’une corde de piano. Ses doigts et ses orteils se crispaient à la façon des serres d’un rapace.
Les draps de son lit étaient imbibés par sa sueur. Il ne faisait pourtant pas très chaud dans la chambre. Mais les pores de sa peau avaient dû se dilater comme jamais. Il sentait son épiderme recouverte d’une pédicule huileuse désagréable.
D’horribles aiguilles s’enfonçaient dans le fond de son pharynx. Il avait terriblement mal en avalant.
Son cortex, lentement, retrouva son efficacité, en s’échappant progressivement de sa torpeur.
Des signaux, tels des flashs lumineux, giclèrent de ses neurones pour alerter sa conscience.
Il n’était pas dans son état normal. Son cerveau reptilien se mettait en branle pour l’alerter.
Pour le prévenir du danger!
Soudain, sa poitrine se creusa. Une boule de plomb se substitua à son coeur.
Paul venait de comprendre.
La pénombre silencieuse de sa chambre était peuplée.
Peuplée par une créature malveillante.
Une peur irrationnelle se déversa dans ses veines. Une curieuse alchimie métamorphosa son sang en plomb. Ses bras étaient devenus des poids morts. Il lui sembla être devenu paraplégique, incapable de réaliser les mouvements qu’il désirait.
Pourtant, le danger était là. Immobile. Silencieux. Terré tel un prédateur à l’affut.
Son regard affolé chercha à vaincre l’obscurité. Les volets n’étaient pas poussés et les rideaux n’étaient qu’à moitié tirés. Mais la nuit noire à l’extérieure ne déversait dans la chambre qu’une pénombre dense, goudronneuse. Dans laquelle les éléments du mobilier se dégageaient à peine. Et cette chambre ne lui était pas suffisamment familière. Il y avait cette table basse. Cette armoire massive collée au mur du fond. Et…
Et à quoi correspondait donc cette silhouette longiligne, dressée à deux mètres de son lit.
Paul sentit sa respiration se bloquer. La frayeur lui déchira un peu plus le pharynx.
La silhouette…elle vibrait…
Elle respirait…
Sa main droite se mit à bouger à nouveau. Anéanti par la terreur, il parvint à saisir l’interrupteur de la lampe de chevet.
Un globe de lumière ambrée se dilata dans la chambre.
Arrachant la silhouette à sa gangue d’obscurité.
Paul Régis voulut pousser un cri de terreur. Mais ses cordes vocales étaient sidérées par la panique.
C’était impossible. Ce qu’il voyait était impossible.
Il était là finalement.
il était aussi venu le voir.


Un visage de cire. Un nez aquilin planté au-dessus d’une barbe qui ressemblait à de la limaille de fer.
Le prêtre se tenait à deux mètre de lui. Figé dans une immobilité paisible.
Paul sentit sa raison vaciller. Il espéra une seconde qu’il ne s’agisse là que d’un mannequin.
Mais l’intensité de son regard gris ne pouvait-être factice.
Le prêtre le fixait. Le dévisageait avec une gourmandise glaçante. A la façon d’un prédateur sur le point de dévorer sa proie.
Et Paul , piteux comme un gamin déboussolé, ne trouvait mieux à faire que de serrer son drap contre lui. Bouclier pathétique d’une violence qu’il, il le présentait, allait fondre sur lui.
La scène était d’autant plus cruelle pour l’écrivain qu’elle défilait devant ses yeux avec une lenteur infinie. Un curieux ralenti, censé lui faire subir chaque seconde de son supplice avec une intensité maximale.
Un détail imprima ses rétines. Des flèches de lumière faisaient scintiller un objet qui pendait au bout du bras du prêtre.
Un crucifix.
Un crucifix métallique d’une dizaine de centimètres. Relié à une chaine constituée de larges anneaux.
Un collier parfaitement identique à celui que Jansen avait sorti de son coffre l’autre jour.
Et soudain, l’explosion de violence, sans aucun signe annonciateur.
Le visage placide du curé se métamorphosa en un masque de haine et de tension.
Le bras se tendit. Et s’abattit en direction de Paul.
Le crucifix fit siffler l’air avant de venir percuter la tempe du biographe. Un poinçon de douleur lui vrilla le crâne.
Mais il n’eut pas le temps de se focaliser sur ses impressions. Le prêtre fou fondit sur lui. Il vit apparaître une forme blanche dans son autre main.
Un mouchoir, qu’il plaqua contre le nez de Régis, avec une poigne sidérante.
Une odeur puissante s’engouffra instantanément dans ses narines.
Paul sentit son cerveau s’engourdir.
Une curieuse apathie diffusa dans le reste de son corps.
Une seconde.
Deux secondes.
Trois secondes.
Le noir.


La lumière.
Vive et acide.
Blessante.
Et la vie qui reprend doucement ses droits. Qui irrigue lentement chaque fibre de son corps. Méticuleusement.
Et avec la vie, la douleur.
Elle est puissante. Localisée sur sa tempe. L’impression d’une boule de feu qui cherche à embraser son cerveau.
De nouveau les chiffres rouges du réveil numérique impriment ses pupilles.
08h22.
Paul s’ébroue. Remue ses jambes et ses pieds. Satisfait de retrouver la possession de ses facultés.
Dehors, la chaleur estivale imprègne déjà l’air. Il entend une tondeuse bourdonner au loin. Les oiseaux piailler.
Il se redressa dans son lit. La douleur du crâne faillit lui arracha un cri. Le sol tangua. Mais il était satisfait de pouvoir tenir debout.
Regard circulaire dans la pièce.
Tout était étrangement calme. Identique à la veille.
Rien ne laissait deviner le drame qui s’y était déroulé durant la nuit. C’était troublant. L’impression d’avoir rêvé.
Il se dirigea vers un miroir mural. Voilà qui infirmait la théorie du rêve: une tache lie de vin, sanguinolente, auréolait sa tempe droite.
Les réflexes reptilien reprirent le dessus.
Le curé. Peut-être n’avait-il pas encore quitté la chambre.
Il l’avait estourbi avec son crucifix. Il l’avait anesthésié avec un mouchoir imprégné de chloroforme. Et…et c’était tout?
Pourquoi tout cela?
L’esprit en vrac, Paul décida de fouiller la chambre. En ouvrant la grande armoire rustique du fond de la pièce, il vit qu’elle était remplie de vêtements appartenant aux Jansen. Certains étaient froissés.
Le prêtre s’était caché ici.
Paul reconstitua immédiatement la scène.
Le pseudo fantôme avait pénétré dans la chambre avant l’arrivée de Régis. Il avait effectué sa petite mises en scène en versant de l’eau de l’étang sur les draps du lit. Puis il s’était planqué dans cette armoire, que Paul n’utilisait jamais. Et il avait sagement patienté. Attendant silencieusement que Paul revienne, fasse sa découverte, puis se couche et s’endorme. Et à deux heures du matin, le grand happening dont il avait été la victime.
Paul se traita d’idiot. Avant de se barricader, il n’avait même pas songé à inspecter toute la pièce.
Mais même s’il avait pris cette peine… Il n’aurait fait qu’avancer la petite démonstration du curé, qui, découvert, se serait peut-être montré plus violent encore.
Il n’allait pas commettre deux fois la même erreur. Cette fois-ci il fouilla la chambre. Cette simple mesure lui permit de constater que plus personne ne s’y cachait. Par contre, une autre découverte le secoua violemment: la pièce était toujours barricadée. Hermétiquement fermée.
Si le prêtre l’avait quittée, c’était en traversant les murs!


Régis avait pris une douche rapide avant de se rendre à la salle de séjour pour son petit déjeuner. L’évocation de cette nuit lui nouait encore l’estomac. Des théories loufoques ne cessaient de rouler sous son crâne.
-C’était impossible. Tout simplement impossible, grommela t’il à voix basse.
Il se revit quelques minutes plus tôt, planté devant la porte de sa chambre, hébété. Ce qu’il avait constaté dépassait l’entendement. Le battant était doublement verrouillé de l’intérieur: verrou poussé et clé dans la serrure fermée à double tour. Comme il l’avait laissée le soir avant de se coucher.
La chambre avait deux autres sorties. Les deux fenêtres à la française, qui elles aussi étaient fermées.
Par où le prêtre s’était-il échappé après son agression? Régis n’y comprenait rien. En fouillant la chambre, son pied avait heurté un objet reposant sur la moquette, au pied de la fenêtre de gauche: le collier muni d’une croix en fer dont le pseudo ecclésiastique s’était servi pour le frapper.
La croix que Pierre Jansen conservait dans le coffre dont il était le seul à connaitre la combinaison.
Décidément, une franche discussion avec le propriétaire des lieux s’imposait.
-Et ben! Il est où notre écrivain préféré?
Régis reconnu la voix d’Ava, en provenance du salon.
-Comment peut-on se réveiller aussi tard pour travailler? remarqua Vittorio, narquois.
-Au moins, lui, il se lève pour travailler.
C’était Charles. Tout le monde prenait son petit déjeuner.
-C’est un crime, fit l’italien. On m’a toujours inculqué que le travail était le huitième péché capital.
-Alors tu iras tout droit au paradis, constata le jeune Jansen.
Régis débarqua dans la pièce au milieu d’un rire général. Tous les regards se tournèrent vers lui.
-Ah, monsieur l’écrivain, fit Vittorio. Tu tombes bien. J’étais en train d’expliquer à ses béotiens ma conception du monde du travail…
Il s’interrompit:
-Mais dis donc, qu’est-ce qu’il t’est arrivé mon grand. C’est quoi cette blessure à la tempe?
Régis passa sa main sur son crâne d’un air presque étonné:
-Ah ça! s’exclama-t’il benoîtement. C’est rien. Une bagarre cette nuit. Mais vous devriez voir la gueule de l’autre.
-Une bagarre?
Une expression émoustillée était passée sur le visage d’Ava.
-Et oui, poursuivit Régis avec un sourire en coin. Je me suis pris la tête avec une des statues en marbre du couloir, en rentrant du cinéma hier soir.
-Ah oui je vois, s’amusa Vittorio. La statue d’Aphrodite je pense. Celle avec les gros seins. Je me suis toujours dit qu’elle devait avoir une bonne droite en passant devant. A mon avis pour te coller un tel cocard, tu as dû avoir des gestes déplacés.
-Et tu ne devais pas rentrer que du cinéma, compléta Charles. Tu commences à prendre goût au vin alsacien on dirait.
Paul se dit in petto qu’il en avait suffisamment fait pour justifier sa blessure. Il constata l’absence de Pierre Jansen.
-Ton père n’est pas là?
-Non. Déjà dans son bureau.
-Je monte le voir.
-Dis donc, tu en passes du temps avec lui. Rappelle-moi, c’est de qui que tu écris la biographie?


Paul monta les marches trois par trois. Il était satisfait de sa diversion concernant son hématome. Pas question de les mettre au courant de son agression de la soirée. L’un d’eux pourrait avoir la mauvaise idée de prévenir la police. Il voulait mener son enquête tout seul. Il voulait avoir l’exclusivité. Son « scoop » n’en serait que plus puissant.
Il poussa la porte du bureau après avoir frappé une seule fois, et sans attendre de réponse.
Jansen, assis devant sa table de verre, souleva un regard étonné dans sa direction.
Sans lui laisser le temps de parler, il plaqua le collier en fer devant lui.
L’industriel roula de grands yeux étonnés:
-C’est…comment c’’est possible? fit-il, estomaqué.
-C’est aussi la question que je me pose.
Régis, l’air sévère, le fusillait du regard.
-Vous savez où je l’ai trouvé?
-Non…non…vraiment je ne comprends pas.
-Dans ma chambre. j’ai eu droit a une petite visite. Avec un souvenir en prime.
Il désigna sa tempe de l’index.
-il est revenu! constata Jansen d’un air défait que Régis jugea quelque peu mélodramatique.
-Arrêtez de vous foutre de ma gueule, cracha Paul entre ses dents. J’ai l’air suffisamment con pour gober des histoires de revenants? Ce n’est pas un fantôme qui m’a cassé la figure, ça j’en suis sûr.
Jansen, désemparé, finit par attraper le coffre posé sur l’étagère. Il pianota la combinaison. Comme prévu, il ne contenait plus que le livre. Le collier qu’il avait ramassé ce matin était donc bien celui qui était enfermé dans cette boite métallique l’autre jour.
-Et vous êtes sûr d’être le seul à en connaître la combinaison.
-Certain. Je n’avais aucune envie que ces objets se retrouvent entre n’importe quelles mains.
Régis sonda le regard de l’industriel. Impossible de deviner s’il mentait ou si il était sincère.
Il allait falloir continuer à fouiner!





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